Construire avec le peuple
Hassan FathyIl retrouve dans le vieux pays d'Égypte les systèmes archaïques, les trésors simples qui, dans les profondeurs du cœur, traversent le temps et sont déposés dans le futur par le secret mouvement des âges. S'il bâtit une maison pour un pêcheur, il regarde le déploiement de son filet, le cours du fleuve, la lumière. Et la maison s'élève. Elle est là. Soudain. Fait naturel.
Les peuples ne vivent pas dans des boîtes de béton, hâtives et désolées. En 1942, Le Corbusier écrivait à propos d'un des sept plans que la ville d'Alger lui refusa : « Construisant leur cas bah, les Turcs avaient atteint au chef-d' œuvre d'architecture et d'urbanisme. Mais les cinquante dernières années de colonisation européenne ont aboli les richesses naturelles avoisinantes et pétrifié sans remords, en désert de pierrailles, la ville neuve dont les maisons serrées se penchent sur des rues bruyantes. >>
En proposant à l'architecture une nouvelle éthique, Hassan Fathy a fait une révolution silencieuse : « Je devais donner à mes nouveaux plans l'apparence d'être issus du paysage, comme les arbres ... Ses habitants devaient y vivre aussi naturellement qu'ils portaient leurs vêtements ... Je devais façonner leurs maisons au rythme de leurs chants, tisser la trame du village sur ses activités... Il ne doit y avoir ni fausse tradition, ni modernisme factice, mais une architecture qui sera l'expression permanente et visible du caractère de la communaut
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